
La Presse — Hajri aime se faire rare. On ne le voit exposer que tous les trois ou quatre ans, à la galerie Kalyste avec laquelle il entretient une belle fidélité.
C’est donc pour ce rendez-vous ponctuel que son public, qui le suit de près, le retrouvait autour d’une exposition s’offrant pour thème « Le jardin de l’esprit ».
Un jardin que cet artiste, immergé dans un univers agreste, où succubes et incubes évoluent et dansent entre deux univers, accepte de partager.
Dans ses toiles, structurées malgré une apparence de totale liberté, Ahmed Hajri raconte une histoire à plusieurs strates : celle des songes poétiques et celle des réminiscences de la mémoire, celle d’une histoire intime et celle d’une saga familiale.
« Cet art raconte l’histoire d’un dédoublement : l’homme à la destinée modeste, enchaîné aux réalités triviales de la vie, et le visionnaire soumis aux injonctions intempestives de l’intériorité. Il ne saurait y avoir de paix pour le premier sans les efforts quotidiens du second pour produire des images libératrices sublimant de douloureux conflits d’une enfance manquée », écrivait Ali Louati.
Cette approche, pourtant ancienne, est toujours perceptible dans la tension qui structure la pratique d’Ahmed Hajri, dans le difficile équilibre qu’il s’efforce de trouver entre les univers réels et oniriques qui continuent de le hanter.
Peut-être serait-ce dans la poésie de son fils à qui il a confié la préface de son catalogue qu’il réussira à les réconcilier.